Les contenus conceptuels, artistiques et littéraires de l'oeuvre sont la propriété de Gérard Chauvin.Les deux poèmes sont la propriété de la poétesse anonyme et de Lanah Shaï.
Ces travaux ne sont donc pas libres de droit.
Toute utilisation commerciale de ces contenus est donc proscrite sans l'accord des auteurEs.
Il est cependant possible de partager les contenus en dehors de ce blog en utilisant cette méthode unique du partage sans copie personnelle. Il faut alors obligatoirement identifier la source et nommer les artistes
Toute autre utilisation devra faire l'objet d'une autorisation auprès des auteurEs.Ces travaux ne sont donc pas libres de droit.Toute utilisation commerciale de ces contenus est donc proscrite sans l'accord des auteurEs.Il est cependant possible de partager les contenus en dehors de ce blog en utilisant cette méthode unique du partage sans copie personnelle. Il faut alors obligatoirement identifier la source et nommer les artistesToute autre utilisation devra faire l'objet d'une autorisation auprès des auteurEs.
Les poèmes, matière de base de l'installation vidéo
SCREEN CLOTHES ou vêtements écrans et préjugés
Ce poème a été écrit par une poétesse exilée qui tient à garder son anonymat pour raison de sécurité. Elle parle du calvaire de Sahar Gul, une jeune femme Afghane torturée par sa belle famille qui voulait la prostituer.
http://act.watchdog.net/petitions/3837?r=2233390.E0HDDe
Dans l'installation vidéo SCREEN CLOTHES le poème « I blame, my name is woman » est lu par vingt huit personnes dans leur langue natale.
Conception, video, son et saisie d'écran : Gérard Chauvin (tous droits réservés)
Ce poème a été écrit par Lanah Shaï, une fille Transidentitaire en cours de transition d'homme vers femme, qui à sa manière est en exil elle aussi, puisqu'elle vit dans une zone de non droit dans son propre pays, le changement d' état civil étant conditionné par la castration obligatoire. Ceci oblige bon nombre de personnes Trans à vivre dans la marginalité et la précarité. Ce poème parle surtout de ses ressentis, du poids des préjugés, de l'implacable binarité de notre culture, et de la difficulté de se vivre Trans. Afin de coller à l'installation ce poème a été réécris dans un style plus contemporain et retravaillé sur une bande son de Gérard Chauvin.
RÉFÉRENCES
Textes ayant nourris notre réflexion :
"On ne naît pas femme, on le devient"
"La division hommes/femmes se construit en même temps que la hiérarchie et non pas avant."
"La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui"
"La femme à le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir le également celui de monter à la tribune"
Ces travaux ne sont donc pas libres de droit.
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Les poèmes, matière de base de l'installation vidéo
SCREEN CLOTHES ou vêtements écrans et préjugés
- Je suis une femme est-ce un crime ?« I blame, my name is woman »
Ce poème a été écrit par une poétesse exilée qui tient à garder son anonymat pour raison de sécurité. Elle parle du calvaire de Sahar Gul, une jeune femme Afghane torturée par sa belle famille qui voulait la prostituer.
http://act.watchdog.net/petitions/3837?r=2233390.E0HDDe
Ce texte, à travers le calvaire enduré par Sahar Gul, évoque le traumatisme des femmes face aux conditions insupportables qui leurs sont faites. Ce poème est traduit et lu dans la langue natale des récitantEs : Américain, français, espagnol, italien, arabe, chinois, thaïlandais, allemand, norvégien, créole, swahili, Lingala. Il est laissé aux récitantEs le choix de l’interprétation.Dans l'installation vidéo SCREEN CLOTHES le poème « I blame, my name is woman » est lu par vingt huit personnes dans leur langue natale.
Est-ce un crime?
-------------
-------------
Aujourd’hui j’ai
quelque chose à dire
Aujourd’hui j’ai
quelque chose à partager
Vous me connaissez
J’en suis certaine
Vous me connaissez
par la une des actualités
Vous me lisez
dans la presse féminine
Vous me regardez
exposée sur les murs des musées
Vous me voyez
Pourtant
Vous ne me
saisissez pas
Vous me connaissez
par mon pays de violence
Vous me connaissez
Pourtant
Vous ne me
connaissez pas
Je suis une femme
afghane
Mon nom est
Sahar Gul
Je fais partie de
la tribu des femmes silencieuses
Nous ne sommes
célèbres que dans la tombe
Nous ne sommes pas
comme vous, ni comme elle
Mon visage se
détourne du miroir
J’ai honte
Le nez tranché, les
oreilles en sang
Les mains en feu
Je suis une femme
Les mains en feu
Je suis une femme
Est-ce un
crime ?
Je vis derrière les
rideaux de l’histoire
Cuisiner est mon
travail, la cuisine est ma maison
Chaque jour mes
désirs s’en vont avec l’eau de la vaisselle
Chaque jour je suis
lourde de chagrin
Anonyme, sans nom,
anonyme
Aidez-moi
Ecoutez moi
Femmes
Ici et ailleurs
Partout dans le
monde
Quand
Vous fêtez votre
réussite
Les récitantEs
De gauche à droite : Lanah Shaï - Eric Mimeau-Sandolore Sykes-Michel Bouscary-
Pascale Molière- Théo Vagne- Paola Authier
Pascale Molière- Théo Vagne- Paola Authier
De gauche à droite : Arnaud Darne- Anne Karin Torheim-Lhoussine Chinkhir-Catherine
Bourgeois-Fanta Dialo-Iver Finlay-Valentine Nomora
Bourgeois-Fanta Dialo-Iver Finlay-Valentine Nomora
De gauche à droite : Evelyne Videau-Fred Martial Boutsindi Mbemba-
Nicole Ausou-José Man Lius-Ludovic Adrien- Enza-Paola Authier-Karine Dorvaux
Nicole Ausou-José Man Lius-Ludovic Adrien- Enza-Paola Authier-Karine Dorvaux
De gauche à droite : Martina Ricciardi-Kit fong ling-Sébastien Cailler-
Cöcö Coquelicot Cöco-Aura Rojas-Lanah Shaï-Xia Xue
Et Najoua Ferréol (qui n'apparaît pas dans cette image)
Cöcö Coquelicot Cöco-Aura Rojas-Lanah Shaï-Xia Xue
Et Najoua Ferréol (qui n'apparaît pas dans cette image)
Conception, video, son et saisie d'écran : Gérard Chauvin (tous droits réservés)
La poème original a été écrit en Anglais. La difficulté des traductions en poésie réside dans la restitution des métaphores et le langage imagé est parfois substitué par une transposition trop littérale. C'est pourquoi nous éditons également le poème original ci-dessous.
Today I have something to say
Today I have something to share
I am sure you know me
You know me from the headlines of the news
You read me in the women’s magazines
You watch my pictures on the walls of exhibitions
You see me but you don’t feel me
You know me from the address of violence
You know me, but you don’t know me
I am an Afghan woman
My name is Sahar gul
I am from the tribe of voiceless women
We are famous in the grave
Not like you, not like her
My face, shame in the mirror
My nose is cut, my ears are tear
My hands burn
I am blame, my name is woman
I live behind the history curtains
My job is cooking, my house is kitchen
Every day I wash my desires with the dishes
Every day I am pregnant of sorrow
But nameless, nameless, nameless
Help me, Hear me, women!
Here and there and every where
In the world when …
You celebrate your success
- MUTATION
Ce poème a été écrit par Lanah Shaï, une fille Transidentitaire en cours de transition d'homme vers femme, qui à sa manière est en exil elle aussi, puisqu'elle vit dans une zone de non droit dans son propre pays, le changement d' état civil étant conditionné par la castration obligatoire. Ceci oblige bon nombre de personnes Trans à vivre dans la marginalité et la précarité. Ce poème parle surtout de ses ressentis, du poids des préjugés, de l'implacable binarité de notre culture, et de la difficulté de se vivre Trans. Afin de coller à l'installation ce poème a été réécris dans un style plus contemporain et retravaillé sur une bande son de Gérard Chauvin.
« MUTATION »
Interprétation du poème original
de Lanah Shaï
de Lanah Shaï
Prisonnière
carapace,
La peau
fissurée
évidence,
fulgurance,
immanence
mutation,
lambeaux
mue
renaissance
Reconnaître
mon vrai
corps,
corps à corps
en désaccord.
Métamorphose,
sensible, sensée,
concentrique,
organique,
authentique...
Cracher
sur la
force,
illusoire
armure de
muscle.
Choisir
ma nature,
contre
leur culture.
Retrouver ce
corps,
que mon âme
a perdu
retrouver ce
visage
aux traits
méconnus.
Injonction
viscérale,
Déconstruction,
dissolution.
Implosion qui
fait mal.
Sortir de
cette pelure,
vulnérable...
Incomprise,
seule,
amour,
douleur,
illusion
impossible,
sentiments,
souffrance...
je n’ai plus
d’espérance.
Ton dieu
est un
phallus
dominateur!
Ton
ignorance,
tes
frustrations,
tes discours,
tes dictons,
tes diktats,
ton
dogmatisme,
exclu...
Être moi
t'es
impensable.
Vidéo performance : Projection du poème "MUTATION" sur le corps de Lanah Shaï
Conception, video, son et saisie d'écran : Gérard Chauvin (tous droits réservés)
Conception, video, son et saisie d'écran : Gérard Chauvin (tous droits réservés)
Vous pouvez voir et télécharger la version
originale du poème MUTATION de Lanah Shaï
Ce poème est plus classique dans sa facture, moins subjectif, plus narratif et explicite.
Une interprétation de ce poème a été réalisé pour l'installation
SCREEN CLOTHES ou vêtements écrans et préjugés
Ce poème est plus classique dans sa facture, moins subjectif, plus narratif et explicite.
Une interprétation de ce poème a été réalisé pour l'installation
SCREEN CLOTHES ou vêtements écrans et préjugés
RÉFÉRENCES
Textes ayant nourris notre réflexion :
« être un homme », « être une femme » consiste à réaliser des performances de la masculinité et de la féminité : de tels actes, de tels gestes, généralement construits,
sont performatifs, en ce sens que l’essence ou l’identité qu’ils prétendent exprimer
sont des inventions fabriquées et maintenues grâce à des signes corporels et à d’autres moyens discursifs. Mais alors, pourquoi doit-on encore être un homme OU une femme ?
Judith
ButlerDans
Trouble
dans le Genre,
Judith
Butlerhttp://nopasaran.samizdat.net/spip.php?article1177
Nous sommes toutEs des travestiEs ?Dans Trouble dans le Genre, Judith Butler, professeur de littérature comparative et de rhétorique à l’université de Californie-Berkeley, nous invite à considérer d’un autre œil le travestissement : celui-ci n’est pas une démarche comique, voire pathétique d’imitation, mais une façon de parodier les hétérosexuels, en pointant les artifices qu’ils utilisent pour manifester leur appartenance à leur genre [2]. Judith Butler développe l’idée que nos sociétés produisent des normes qui assurent une domination du genre masculin et de l’hétérosexualité. Les hommes et les femmes assimilent jour après jour les codes présumés correspondant à leur genre. Selon la philosophe, les pratiques sexuelles minoritaires doivent servir à « troubler la norme » et à montrer que l’hétérosexualité ne va pas de soi. Dans Trouble dans le Genre, c’est la possibilité même du travestissement (le drag) qui constituerait la preuve que le genre n’est que fiction et performance. Qu’à des degrés différents, nous sommes tous des « travestis ». Tout genre est performance sans original, à commencer par la féminité et la masculinité. Nous sommes tous des copies sans original.
Nous sommes toutEs des travestiEs ?Dans Trouble dans le Genre, Judith Butler, professeur de littérature comparative et de rhétorique à l’université de Californie-Berkeley, nous invite à considérer d’un autre œil le travestissement : celui-ci n’est pas une démarche comique, voire pathétique d’imitation, mais une façon de parodier les hétérosexuels, en pointant les artifices qu’ils utilisent pour manifester leur appartenance à leur genre [2]. Judith Butler développe l’idée que nos sociétés produisent des normes qui assurent une domination du genre masculin et de l’hétérosexualité. Les hommes et les femmes assimilent jour après jour les codes présumés correspondant à leur genre. Selon la philosophe, les pratiques sexuelles minoritaires doivent servir à « troubler la norme » et à montrer que l’hétérosexualité ne va pas de soi. Dans Trouble dans le Genre, c’est la possibilité même du travestissement (le drag) qui constituerait la preuve que le genre n’est que fiction et performance. Qu’à des degrés différents, nous sommes tous des « travestis ». Tout genre est performance sans original, à commencer par la féminité et la masculinité. Nous sommes tous des copies sans original.
Butler
propose une interprétation radicale du travestissement qui révèle
implicitement la structure imitative du genre. Dans ces conditions,
« être un homme », « être une femme »
consiste à réaliser des performances de la masculinité et de la
féminité : de tels actes, de tels gestes, généralement
construits, sont performatifs, en ce sens que l’essence ou
l’identité qu’ils prétendent exprimer sont des inventions
fabriquées et maintenues grâce à des signes corporels et à
d’autres moyens discursifs [3].
Mais alors, pourquoi doit-on encore être un homme OU une femme ?
« Pour démontrer que les catégories fondamentales de sexe, de genre et de désir sont les effets d'une certaine formation du pouvoir, il faut recourir à une forme d'analyse critique que Foucault, à la suite de Nietzsche, a nommée généalogie. » Il s'agit, pour cela, « de chercher à comprendre les enjeux politiques qu'il y a à désigner ces catégories de l'identité comme si elles étaient leurs propres origine et cause alors qu'elles sont en fait les effets d'institutions, de pratiques, de discours provenant de lieux multiples et diffus. » Le but à atteindre étant défini par une volonté de déstabiliser « le phallogocentrisme et l'hétérosexualité obligatoire. ». Elle pense donc qu'il ne faut pas confier à l'État seul le soin de décider ce qui est dicible ou pas.
Judith Butler
"N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise
politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis
en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes
votre vie durant."
"On ne naît pas femme, on le devient"
Simone de Beauvoir
"La question de ce que nous sommes, une certaine
pente nous a conduits, en quelques siècles, à le poser au sexe. Et non pas
tellement au sexe nature ( élément du système vivant, objet pour une biologie)
, mais au sexe histoire, ou sexe signification, au sexe discours. "
Michel Foucault
"La division hommes/femmes se construit en même temps que la hiérarchie et non pas avant."
Christine Delpy
"La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui"
"La femme à le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir le également celui de monter à la tribune"
Olympe de Gouge
" La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas aux autres" (...)
article IV
DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME ET DU CITOYEN DE 1789
"Aujourd’hui nombreux sont ceux
(Baudrillard, Maffesoli, Morin. Jacquard, Serres…) qui constatent la réalité
d’un changement majeur de paradigme pour nos sociétés et dont l’une des
caractéristiques principales repose sur
la capacité à concilier les
paradoxes (Michel Cassé, Emmanuel Caron, Etienne Klein) et à embrasser une
réalité toujours plus complexe et systémique.
(…. ) Ainsi, la pensée binaire ne permet plus de
comprendre et de gérer la complexité de la réalité. Les
remises en cause portent sur le patriarcat, le masculin et l’autorité, la
remise en cause des rôles sexuels et sociaux des hommes et des femmes,
l’écroulement de la structure familiale classique avec les familles
monoparentales ou recomposées, les mariages de couples homosexuels, les
adoptions par des homosexuels d’enfant,
la crise du mariage, etc. Il en est de même aussi pour l’Eglise catholique
qui n’est plus un modèle structurant pour la société.
La post-modernité incarne alors cet entre-deux, par une
consumation effervescente et fusionnelle où la vie est en train de se
renouveler sur les cendres d’une société gémissante. Il n’est qu’à voir le
nombre d’ouvrages qui rendent compte de « la mort de ceci », de
« la fin de cela » ou encore « d’une France qui tombe » et
d’une société qui part en lambeaux. Ceci créant un climat délétère de
sinistrose et de morbidité propre à l’inertie, au désespoir et à la fatigue
d’être soi."
Christine
Marsan. Les Cahiers de
Psychologie politique - numéro 7, Juillet 2005 –
« Féminismes
islamiques »
, textes rassemblées sous la houlette de la sociologue Zahra Ali
Paru
aux éditions La Fabrique,Paris, septembre 2012
Zahra
Ali est une sociologue française, qui travaille sur
les questions de genre et de racisme en relation
avec l'Islam. Ses travaux portent notamment sur le féminisme
musulman.
La
nudité entre culture, religion et société
Régis Bertrandhttp://rives.revues.org/2283
Les codes de la nudité occidentale reposent sur des passages bibliques (interdit visuel des organes génitaux : Adam et Eve, Noé et Canaan). Mais les chrétiens condamnent le péché et non le corps, créé par Dieu à sa ressemblance. Les degrés de nudité publique marquent le statut modeste du pauvre et du travailleur, l »’ état de nature » du « sauvage », la désocialisation du réprouvé ou du condamné. Aux Temps modernes, les progrès de la « civilisation des mœurs » (N. Elias) exhaussent les seuils de la pudeur publique et privée. L’Occident est peuplé de représentations du corps nu, religieuses (Christ, martyrs, ascètes) et aussi profanes (le nu pictural), à partir de la Renaissance qui a réévalué les canons artistiques antiques.
>>> voir paragraphe 7Le souci de ne pas laisser voir ses organes génitaux est également manifeste dans Exode 20, 26, dans les prescriptions qui suivent immédiatement les dix commandements, Dieu dit à Moïse « et tu ne monteras pas à mon autel par des marches, pour que ta nudité n’y soit pas découverte » (TOB). Puis la très longue et minutieuse description des habits sacerdotaux et des objets rituels d’Aaron et de sa postérité s’achève par la prescription qu’il faudra faire aux prêtres « pour dissimuler leur nudité des caleçons de lin, allant des reins jusqu’aux cuisses », qu’ils devront porter quand ils approcheront de l’autel « afin de ne pas se charger d’une faute qui entraînerait leur mort » (Exode 28, 42-43). Lorsque David danse devant l’arche d’alliance montant vers Jérusalem, le texte précise qu’il porte un tel caleçon (2 Samuel 6, 20-22).
Régis Bertrandhttp://rives.revues.org/2283
Les codes de la nudité occidentale reposent sur des passages bibliques (interdit visuel des organes génitaux : Adam et Eve, Noé et Canaan). Mais les chrétiens condamnent le péché et non le corps, créé par Dieu à sa ressemblance. Les degrés de nudité publique marquent le statut modeste du pauvre et du travailleur, l »’ état de nature » du « sauvage », la désocialisation du réprouvé ou du condamné. Aux Temps modernes, les progrès de la « civilisation des mœurs » (N. Elias) exhaussent les seuils de la pudeur publique et privée. L’Occident est peuplé de représentations du corps nu, religieuses (Christ, martyrs, ascètes) et aussi profanes (le nu pictural), à partir de la Renaissance qui a réévalué les canons artistiques antiques.
>>> voir paragraphe 7Le souci de ne pas laisser voir ses organes génitaux est également manifeste dans Exode 20, 26, dans les prescriptions qui suivent immédiatement les dix commandements, Dieu dit à Moïse « et tu ne monteras pas à mon autel par des marches, pour que ta nudité n’y soit pas découverte » (TOB). Puis la très longue et minutieuse description des habits sacerdotaux et des objets rituels d’Aaron et de sa postérité s’achève par la prescription qu’il faudra faire aux prêtres « pour dissimuler leur nudité des caleçons de lin, allant des reins jusqu’aux cuisses », qu’ils devront porter quand ils approcheront de l’autel « afin de ne pas se charger d’une faute qui entraînerait leur mort » (Exode 28, 42-43). Lorsque David danse devant l’arche d’alliance montant vers Jérusalem, le texte précise qu’il porte un tel caleçon (2 Samuel 6, 20-22).
Michel
Onfray : Résumé
de « Le souci des plaisirs ; construction d'une érotique
solaire »
Vingt
siècles de christianisme ont imposé une conception du corps
déplorable et une sexualité catastrophique, par l'imitation d'un
Corps qui ne boit pas, ne mange pas, ne rit pas et n'a pas de
sexualité.
Si les Pères de l'Eglise ont développé une
théologie de l'Eros chrétien avec la souffrance et la négation du
corps, Sade et Bataille seront les défenseurs du versant "
nocturne " de cet Eros : mépris des femmes, dégoût des corps,
volupté dans la mort. Quel antidote à ce nihilisme de la chair ? A
ce mépris d'un Occident castrateur, Michel Onfray substitue un
érotisme solaire, directement inspiré du Kâma-sûtra et de la
spiritualité indienne.
Un essai salvateur, qui propose une
philosophie des Lumières sensuelle : construire un corps radieux
pour une existence jubilatoire.
(Dans cet ouvrage, Michel Onfray
parle de cette désincarnation à l'œuvre dans le cantique des
cantiques)
Régis
Onfray Wikipedia :http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray
Michel
Onfray propose une pratique existentielle de l’hédonisme. Il a
pour ambition de rapprocher son lecteur du monde de la culture des
arts et du savoir. L’objectif de ce rapprochement est
l’épanouissement, le plaisir, et une harmonisation ou une
réconciliation du rapport à soi, à autrui, et au monde. Le
disciple de Dionysos qu’est l'hédoniste selon Onfray, prend
conscience des formes d’aliénations et de douleurs qui le
menacent. Onfray les impute principalement aux religions et aux
dogmes politiques et économiques. C'est pour cela qu’il replace
l’individu au centre de son existence en l’invitant à « penser
en homme d'action et agir en homme de pensée » : « principe
d’une éthique solaire et souveraine ». Il aborde
dans Théorie du corps amoureux : Pour une érotique
solaire la question de la sexualité et tente de réactualiser
le libertin : il y critique les philosophies qui font l'éloge
d'un amour désincarné au détriment du plaisir du corps (Platon
par
exemple).
LA
SPECULATION INTELLECTUELLE de Jean-Pierre GIOVANELLI
La
métaphore de
l'apocalypse
Jean
Pierre Giovanelli,
Dans les années soixante-dix Jean Pierre Giovanelli, est
théoricien dans la sphère du Collectif d'Art Sociologique et,
également, de l’Esthétique de la Communication.
C’est un
artiste « d’ordre substantiel », selon Paul Virilio
La
burqa inspirera bien des artistes dont l’ami de Paul Virilio, Jean
Pierre Giovanelli, qui traite de ce vêtement comme un outil de la
disparition…
(…)
La
dis-parition survient dans le désert qui est en même temps l’espace
limite de la représentation en tant que “rien à représenter”,
l’espace de la ré-velation (des révélations religieuses) et une
métaphore de l’apocalypse comme destruction totale, comme
réduction du réel au désert du réel.(...)
…On
pourrait dire que Jean-Pierre Giovanelli nous montre ici, dans ce
désert, son ”apocalypse du réel“, la représentation de la fin
du monde, la représentation de la disparition du monde.
Le
traitement de la burqa selon Giovanelli, veut rejoindre les
problématiques de l’art corporel, dont les travaux de Michel
Journiac (1935-1995, artiste plasticien emblématique de l'art
corporel). Journiac, dans son hommage à Freud, montrait que le
vêtement fait disparaître notre identité. Certes, mais à l’époque
de Journiac les emblèmes et religieux et féminins propres à la
burqa, suscitant à ce point en France les questions de xénophobie
et réveillant des élans nationalistes non pas sur les strapontins
de l’extrême droite mais au cœur d’un gouvernement en exercice,
ces burqas « explosives » n’existaient pas dans le flou
artistique autant que joyeux et intello de l’après 68.
Giovanelli
explique : « Dans
un mode plus contemporain et également plus politiquement sensible
et engagé, la burqa apparaît comme la métaphore d'une disparition
totale du corps social et d'une micronisation des liens, dans une
ambiguïté qui n'a pas encore été révélée. Protection, liberté,
barbarie contextuelle, croyances, sciences et technologies des
communications, fatras de paramètres fascinants et déstabilisants,
nanotechnologies, libération-enfermement. La dune (Ndlr : thème
récurrent de la dune et du désert dans son expo) qui se meut sans
objectif précis sauf celui que lui impulse le zéphyr, est également
une métaphore de la dynamique-statique de la société
humaine .(...)
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